L'Endroit de l'objet

Création passée
  • En théâtre
  • En petite salle (<150 places)
  • Tout public
  • #fausseconference
  • #relationauxobjets
  • #materialisme
  • #sensdelavie

2008

ClaraLePicard

Durée : 55mn

La fausse conférence sur la vraie relation à l'objet

En moins d'une heure, quelques vidéos et quelques grands titres, Martine Schmurpf vous aide à y voir clair dans notre relation aux objets. Ou pas.

Qu’est-ce qu’un homme et qu’est-ce qu’un objet ? Si le mot « potiche » désigne tout à la fois un récipient de terre et une jolie femme faisant tapisserie, est-ce à dire que l’homme est un objet ? À contrario, pourquoi accuser notre chauffe-eau d’avoir choisi l’hiver pour nous lâcher, quand il est communément admis qu’un objet n’a pas d’intentions ? Y aurait-il des exceptions ? L’objet, sous certains aspects, pourrait-il prétendre à des qualités humaines ? C’est à ne plus savoir qu’en penser !
Heureusement, Martine Schmurpf est là. Ton professoral et rigueur scientifique, cette conférencière se propose de nous éclairer sur le sujet. De constatations en témoignages, d’expériences inattendues en démonstrations troublantes, elle déroule le fil de sa pensée en une heure d’exposé rondement mené. Soixante minutes durant lesquelles elle ne s’économise en rien pour nous convaincre du bien-fondé de ses théories sur notre relation à l’objet. Tout en fausse naïveté, maniant l’absurde pour mieux révéler la vérité, son discours perce à jour nos contradictions et met malicieusement à mal le mythe de l’homme libéré par l’outil. Jusqu’à instiller durablement le doute dans nos esprits : et si les objets avaient finalement pris le pouvoir sur ceux qui les ont produits ?

  • Laurence Perez

Projet, texte et jeu : ClaraLePicard
Conseiller gestuel : Xavier Marchand (2008)
Scénographe : Marine Brosse
Costumière : Marion Vincent
Vidéaste : Agathe Dreyfus
Création lumière : Juliette Romens
Régie : Emilie Tramier

Production : Compagnie À Table
Co-production : Scène 55, Scène Conventionnée Art et Création (Mougins), le Théâtre Joliette, Scène Conventionnée Art et
Création expressions et écritures contemporaines (Marseille)

Textes complémentaires

Note d'intention
En 2006-2007, je commence à m’intéresser à la relation qu’entretient l’homme à ce qu’il produit et ce qu’il consomme. Je mène de nombreuses interviews, lectures, recherches.
Apparaît la question « quelle est votre relation aux objets ? »
La question de l’objet vient comme en révélateur de quelque chose qui se joue et fait nœud dans notre monde contemporain ;
Après des siècles où l’objet a été au service de l’homme, n’assistons-nous pas à un retournement depuis les années 50 où progressivement l’homme semble s’être mis au service de l’objet ?
Inspiré des évènements à domicile comme les réunions Tupperware et les réunions sectaires, j’écris L’Endroit de l’objet qui joue sur la rigueur de la conférence scientifique et, pour mieux surprendre, prend place dans des lieux de vie remplis d’objets.

Entre Septembre 2008 et juillet 2014, ce spectacle s’est joué dans une cinquantaine d’appartements, 3 ateliers d’artistes, 4 musées, 1 maison témoin, 1 lycée, 1 école supérieure d’art, et 1 entrepôt.
Des extraits du texte ont été diffusés sous forme de feuilleton dans l’émission « les passagers de la nuit » du 8 février 2010 sur France Culture.

Dans cette première version, j’avais volontairement exclu les théâtres des lieux possibles de représentation pour rencontrer le public dans d’autres conditions, dans d’autres endroits et expérimenter une autre relation à lui et au jeu.
Douze ans après la première création, je vais recréer ce texte dans de nouveaux costumes, nouvelles vidéos, et une nouvelle organisation informatique, conformes aux changements qui ont eu lieu et qui ne cessent de resserrer les liens entre l’homme et l’objet et je vais expérimenter le rapport scène-salle en théâtre.

Dans un deuxième temps, nous retravaillerons cette nouvelle version pour pouvoir la tourner dans des lieux non-équipés. Pour ce faire, nous allons faire une création robotique pour faire disparaître la manipulation technique et permettre des tournées à une seule personne sur la route.

ClaraLePicard

Thèmes abordés : les objets, la société de consommation, les enjeux écologiques, les savoirs-faires et techniques, la création, l’héritage, la culture, la civilisation, la liberté.

Revue de presse

Les codes de la conférence scientifique y sont sapés avec humour et finesse. On reconnaît dans cet univers décalé et burlesque les références à Chaplin, Desproges, Tati, aux Monty Python, version 2.0 avec projections, objets connectés et clips néo-psychédéliques, tournant en dérision nos égo-trips, asservissements, matérialismes et paradoxes contemporains. Mais pas seulement : ni moralisateur ni cynique, c’est aussi la relation affective, tendre, cocassement naïve que nous entretenons avec les choses du quotidien que révèle ce spectacle, par le biais de dispositifs absurdes et farfelus, comme ces entretiens filmés puis rejoués par l’actrice tout en gardant la voix des personnes interrogées, créant un effet de décalage qui rend les témoignages d’autant plus saisissants qu’ils sont mis à distance. Un régal pour futurs spectateurs encore déconfits.

I/O Gazette

Pénélope Patrix

2021-01-12

Depuis la création du spectacle en 2008, et depuis la mutation accélérée du rapport non plus à l'objet inanimé, mais au medium, l'humour mobilisé pour dire la passion de la possession au détriment de l'échange ne peut que susciter un vertige certain. Il survient quelques minutes avant l'issue de cette heure de spectacle enlevée, lorsque la comédienne, faisant face à la vidéo et se tenant dos au spectateur, fait mine de se demander si le spectacle entier n'aurait pas gagné à être simplement streamé et lui aurait évité des rencontres pénibles ....

Zibeline

Suzanne Canessa

Un spectacle tout en fantaisie décalée comme une bouffée d'air frais dans la morosité du moment, une bulle absurde tant elle brouille la frontière entre réel et fiction, avec pour héroïne l'inénarrable Martine Schmurpf, étonnant croisement entre executive woman et scientifique à la mode des surannés Tedx.
L'endroit de l'objet est porté par un goût évident pour un burlesque tout minimaliste et l'écriture fine de cette artiste aux multiples talents (Clara Le Picard est aussi plasticienne et chanteuse). Pendant une petite heure, l'étincelle qui pétille dans le regard, Martine nous balade, délicieusement sérieuse ou faussement naïve, sa conférence corrosive nous déboussole joyeusement et on en redemande. Si cette forme légère et jubilatoire, créée en 2007, a été réécrite, elle est toujours destinée à être jouée partout en dehors des salles de spectacle (salles de classe, jardins, bibliothèques ou appartements), dérivatif idéal en ces temps de confinement. Car cette année a obligé Clara Le Picard, qui travaille comme artiste associée ou résidente au CentQuatre et à la Ménagerie de Verre à Paris, mais aussi à la Scène 55 à Mougins, à réinventer la pratique. (…) Mais la période anxiogène s'infiltre dans l'intime de son travail, la fin du spectacle L'endroit de l'objet a ainsi été totalement modifiée : "Dans la première version, Martine Schmurpf était tuée par les objets domestiques mais là, ils ne sont plus une menace, c'est le télétravail, les réunions zoom, la disparition de l'être humain dans la machine... Ça me permet de faire de nouveaux gags".

La Provence

G.G.

2021-01-12