Cerveau

Note d'intention
Nous provoquerons des émotions dans votre cerveau, vous ressentirez les mouvements des danseurs, les pulsations de la musique, les récits de vie et nous vous guiderons à travers les choix d’autres vies.
Pourquoi le cerveau est-il parfois galvanisé et parfois plongé dans une dépression par la menace du changement ou la menace de la mort ? Qu’est-ce qui fait qu’on a la force d’aller ou pas au bout de ses défis ? Qu’est-ce qui nous guide dans la construction de ce que nous pensons être notre destin ?
Face à la menace de sa destruction, qu’elle soit individuelle ou écologique, le cerveau a comme sursaut de chercher le soutien des autres, il a besoin de sortir de son isolement. La danse sera le fil directeur de ce spectacle et, si la situation sanitaire le permet, la conclura par un temps collectif où le public sera invité à partager le plateau avec les interprètes du spectacle.

Par ailleurs, si ce spectacle a été pensé et écrit bien avant le Covid, certains dialogues, certaines angoisses relatives à l’avenir et aux questions écologiques résonnent ainsi fortement avec ce que nous vivons actuellement. Ou comment essayer d’envisager l’avenir avec optimisme quand on a un présent aussi sombre devant nous. Teinté par ces angoisses, Cerveau n’a pourtant rien de mortifère et nous est surtout apparu comme un éclatant hymne à la vie.

(...)Il faut dire que Cerveau sollicite sans difficulté tous les sens du spectateur : ce spectacle total singulier explore tous les pans possibles du genre. La danse, donc, chorégraphiée par Kaori Ito et exécutée par Flora Chéreau et Lorenzo Vanini. Mais aussi la musique, le temps de quelques bœufs plein d’humour mais sachant se parer de gravité, pensés par Fred Nevchehirlian et exécuté par le trio de danseurs et comédiens. La vidéo d’Arnold Pasquier achève de plonger dans l’immersion la plus totale, portée par la scénographie décidément impeccable de Marine Brosse et Caroline Frachet.
C’est que, pour dire l’impossible conversation entre Laura et sa mère Lilianne, plongée dans le coma, tous les moyens ou du moins tous les médiums- sont bons. Si la danse se targue ici de savoir « [faire] travailler toutes les zones du cerveau », c’est peut-être plus encore la littérature qui se révèle la plus apte à créer du lien. Lilianne rêvait d’incarner Mrs Dalloway au théâtre : le texte de Clara Le Picard se greffe à ces monologues intérieurs, les enrichit de son sens de l’ironie et du postmoderne. Son jeu, plus réservé, accompagne tout en bienveillance le bouillonnement à l’œuvre chez la jeune Flora Chéreau. Une belle alchimie que l’on espère vite retrouver sur scène !

À la fois théâtre, musique et danse, mais aussi science composent cette pièce où une jeune femme (superbe Flora Chéreau) doit faire face à la maladie de sa mère, comédienne et tombée dans le coma au moment où elle devait jouer Mrs Dalloway de Virginia Woolf... Lus par la voix de Françoise Lebrun, des extraits du texte de Woolf côtoient des moments d’explications scientifiques sur le fonctionnement du cerveau, des exultations dansées et chantées entre copains (avec Clara Le Picard et Lorenzo Vanini) et des moments de réflexion intimes sur la mémoire, l’identité et la conscience...
Un projet assez total, porté par de merveilleux comédiens et un sens de la métamorphose entraînant.